Samedi 23 Octobre 2010 : A St Valery en Caux , Après midi Témoignages en Amérique Latine

Allons voir ce qui se passe dans l'Eglise d'Amérique Latine !!!!

 

Telle fut l'aventure proposée ce samedi après midi à St Valéry en Caux avec les témoignegs du Père Patrice DUBOST , curé de cette même paroisse , prêtre Fidei Donum en Colombie et au Pérou et le Père Michel Jeanne dont nous avons déjà parlé dans l'article du Jeudi 21 Octobre à Sotteville les Rouen ....

 

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DOUZE ANS EN COLOMBIE ET AU PÉROU

 

Ordonné en mars 66, je suis arrivé à l’aéroport de Bogota en Colombie en Février 76 ; j’y ai retrouvé Michel Jeanne qui était depuis 7 ans aumônier de JOC  dans la capitale colombienne. Nous avons repris contact comme si nous nous étions quitté la veille. Mon nouveau curé colombien était là pour m’accueillir  avec deux religieuses colombiennes en civil de l’équipe pastorale.

15 jours après, je faisais partie de cette équipe de la Paroisse San Bernardo ( Cundinamarca) du Diocèse de Girardot à 100 kms au sud de Bogota.

 

Cette équipe pastorale comprenait aussi un jeune enseignant, un agriculteur de la montagne et un ouvrier agricole spécialisé ; les 20 hameaux de la Paroisse, comprenant 20.000 habitants s’étageaient entre 1500 et 4000m dans le massif du Sumapaz. Les gens y parlaient encore de la guerre civile qui avait ensanglanté le pays de 1949 à 1956.

 

DSC01468.JPGLà, j’ai vécu des rencontres, des situations et des expériences très fortes que je n’oublie pas.

De même à Villa El Salvador à 25 kms au Sud de Lima au Pérou où  j’ai partagé de 1983 à 1988 la vie de deux Petits Frères du Père de Foucauld inséré dans ce bidonville de 300.000 habitants construit sur le sable à quelques kilomètres de la côte du Pacifique.

En Colombie, j’avais partagé la vie ordinaire d’une grosse paroisse rurale avec 5000 habitants au centre et qui comprenait un collège de 600 élèves et une école normale d’instituteurs (-trices) où je donnais les cours de catéchèse. Elle comprenait 400 futurs enseignants. Il fallait assurer des réunions du soir dans les hameaux de la montagne et participer à la mise en place d’un projet de coopérative agricole émanant de la Pastorale sociale. Ce projet impliquait des charismatiques, l’armée, une antenne de radio nationale et surtout une idéologie politique tendant à confondre la Nation et l’État. (1)

Au lieu d’accepter la prise en charge d’une paroisse, j’ai préféré (avec l’accord de Mgr Duval) aller partager la vie des Petits Frères de JÉSUS au Pérou. Là, j’ai découvert, jour après jour, tout en cherchant du travail, la vie quotidienne des gens de la grande banlieue de Lima avec ses problèmes de transport, de prostitution  y-compris enfantine. Il m’a fallu passer le permis de conduire péruvien et prendre les cours du soir dans un collège technique pour apprendre la menuiserie.

Avec les voisins du quartier, nous avons dû protester auprès de Sédapal , l’agence de l’eau pour en bénéficier.

DSC01470.JPGNous nous retrouvions parfois en faisant les courses sur le marché voisin.

Un curé irlandais assurait l’animation de la vie paroissiale. Tous les ans, une formation théologique nous était proposée à Lima avec divers intervenants dont Gustavo Guttierrez. Il a fallu compter avec la présence de 2 guérillas dans le quartier et de membres de la police et j’ai pu mesurer certains aspects du terrorisme dont l’embrigadement de jeunes…

A travers tout cela, j’ai rencontré des hommes et des femmes et aussi des enfants que je n’oublierai jamais ; un prêtre colombien lui non plus ne m’oublie pas puisqu’il m’écrit régulièrement pour Noël depuis 21 ans ; c’est un beau cadeau.

Ce que ça a changé dans ma manière de vivre le sacerdoce ministériel :

Cette plongée dans la mission de l’Église en Amérique Latine m’a fait entrevoir l’importance de la dimension SYMBOLIQUE de la vie humaine (dont fait partie la dimension RELIGIEUSE = vie spirituelle, liturgique, sacramentelle et témoignage)

A mon retour en France où se préparait le bicentenaire de la Révolution, on ne parlait plus de la « personne » mais presque exclusivement de « l’individu ». Or, les deux sont indissociables. La personne étant destinée à vivre en Alliance avec l’autre, avec les autres et avec DIEU ;

La personne humaine est appelée au BONHEUR par la RENCONTRE et la COMMUNION. C’est dans la «  Barbarie occidentale » que Michel Henry (2), il me semble, stigmatise le risque d’oublier cela et d’en rester à l’abstraction juridique, d’ailleurs nécessaire, de l’individu sujet de droits et de devoirs.

En Amérique Latine les européens ont souvent la réputation d’aller si vite dans leurs affaires qu’ils en oublient leur humanité.DSC01461.JPG

Paolo Freire inventeur d’une méthode d’alphabétisation et ancien ministre de la Culture du Brésil insistait beaucoup sur l’importance de savoir ÉCOUTER LA PAROLE de toute personne mais surtout celle du PAUVRE ( celui qui n’a plus où se faire entendre).

JÉSUS le Fils unique, le VERBE de DIEU, a pratiqué cela parmi nous en étant attentif aux affligés et en se mettant constamment à l’écoute du Père, le Pauvre par excellence. C’est ainsi qu’il nous a transmis la Parole et la vie reçues à sa source.

Comme prêtre de sacerdoce ministériel, je ne cesse de redécouvrir la Parole des Apôtres dans Actes des Apôtre 6,4 ( après l’instauration des Diacres) : «  Quant à nous nous resterons assidus à la prière et au service de la PAROLE « ; et à propos du service de la Parole, l’attention portée à celle-ci (c'est-à-dire l’écoute et même le travail sur le texte) sont indispensables à l’ACCUEIL de cette Parole ; c’est la première condition pour que la transmission que nous risquons dans nos homélies soit vivante.

Par ailleurs, dans la célébration de l’Eucharistie ( y-compris quotidienne) si nous voulons vaincre la routine et éviter de banaliser la communion, je crois qu’il nous faut tenir compte des deux tables : celle de la Parole et celle du Pain (« ignorer les Écritures c’est ignorer le CHRIST » disait St Jérome) ; l’attention aux lectures de la liturgie quotidienne de la Messe fait apparaître  chaque fois l’Eucharistie sous un jour nouveau et fait sourdre la JOIE ( voir Dei Verbum de Vatican II)

Enfin depuis 22 ans je pratique avec des animateurs laïcs , une préparation au Baptême mensuelle ( pour 6 couples maximum) où il s’agit de réfléchir à la signification de leur propre Baptême  aujourd’hui comme ADULTE pour réaliser le trésor proposé à leurs bébés. Dans le contexte de laïcisation généralisée et de mondialisation, ce sont les baptisés qui devront , en effet,  surmonter la logique de la tour de Babel de l’information pour qu’advienne les «  langues de feu » d’une nouvelle Pentecôte.

Père Patrice DUBOST

 

(1)            Le Père ARRUPE (supérieur des Jésuites) de passage en Colombie devait à ce sujet apporter un discernement qui a porté ses fruits.

 (2)            Professeur à l’université de Montpellier et né à Haiphong au Vietnam en 1911

 

MERCI à Gaël et Claire TANGUI qui ont été les organisateurs avec Sr Martine de cette manifestation qui , c'est sûr a marqué les chrétiens venus cet après midi , qui ont mesuré toute la chance qu'ils ont d'avoir le Père DUBOST dans leur paroisse !!!

 

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Merci à Marie LEGRAND venue à nouveau pour témoigner de la très belle aventure de Michel JEANNE en COLOMBIE

 

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Même les enfants présents ont pu réaliser une tirelire de l'ENFANCE MISSIONNAIRE en vue du partage avec les autres enfants plus démunis du PEROU ou de COLOMBIE .....

L'après midi s'est terminé par un goûter convivial et un temps de prière fraternelle ...

 

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